La salle de classe 1882-1920
L’unification du pays et la consolidation de la République passent par l ‘école depuis l’application des grandes lois de scolarisation de 1881 – 1886 . Les instructions ministérielles les prolongent jusqu’à la période de mutation qui a suivi la « Grande Guerre » : c’est l’époque de l’instauration de l’école laïque.
L’atmosphère rigoureuse de la salle de classe 1882 est restituée à travers les objets exposés :
- Tables inclinées, cirées, avec encriers en porcelaine (jusqu’à 6 places).
- Bureau imposant, perché sur une estrade pour le « magister ».
- Tableaux noirs à l’écriture perlée.
- Eclairage au gaz (fourni par une usine à gaz ouverte en à Montceau en 1870).
- Lampe à pétrole.
- Poêle noir à charbon avec la gamelle de l’élève (une cantine ne sera ouverte qu’en 1945).
- Vêtements : blouses noires, bérets, cache-nez, sabots.
- Travaux de couture.
Une volonté d’asseoir la République :
- Buste de Marianne, symbole de la République depuis 1848, diffusé dans toute la France (mairie, écoles publiques) autour de 1892.
- Déclaration des Droits de l’Homme et du Citoyen.
- Fusils scolaires : volonté de revanche après la défaite de 1870 et période d’expansion colonialiste. L’entraînement ne concernait que les garçons de plus de 12 ans.
Une volonté d’éduquer et de discipliner :
- Au tableau, instruction morale et civique afin de forger l’honnête homme et le bon citoyen.
- Baguette et bonnet d’âne.
- Claquoir, symboles de l’autorité du maître.
Une volonté d’unification :
- Tableau d’élocution : une seule langue, le français, les dialectes sont bannis, même dans la cour de récréation (gare au bonnet d’âne !).
- Compendium métrique.
- Boulier numérateur.
- Bûchettes : imposer le système décimal (qui ne sera généralisé qu’en 1919).
- Lecture : importance du livre « Le tour de France par deux enfants ».
- Bibliothèque, obligatoire depuis 1862 et qui, en 1881, devait répandre la bonne lecture dans les familles.
Autres supports importants : les tableaux de géographie, d’histoire, de sciences et de lutte contre l’alcoolisme.
La muséographie actuelle de cette salle authentique est organisée autour de la Grande Guerre et du rôle de l’école dans la préparation des corps et des esprits au conflit.
La salle de classe 1920-1970
Les
instructions ministérielles de 1923 élargissent l’obligation scolaire. C’est
aussi l’époque des recherches pédagogiques et du développement de la
psycho-pédagogie : écoles maternelles, enfants déficients ou handicapés,
orientation scolaire.
La classe unique, image d’une
école présente dans toute la France :
-
La section enfantine :
tissage, collage, abaques, peinture.
-
Le cours préparatoire :
méthode de lecture Gabet Gillard, éditée de 1919 à 1953, fin de cette méthode
syllabique.
-
La cocarde du Certificat d’Etude
Primaires : après avoir suivi les cours élémentaires 1 et 2, puis les
cours moyens 1 et 2 et enfin le cours supérieur, l’écolier arrivait au terme de
sa scolarité à 14 ans (décision du Front Populaire et de son ministre de
l'Education et des Beaux Arts, Jean Zay, en 1937).
- Les pupitres et les encriers
disparaîtront après 1960 pour laisser la place à des tables à plan horizontal,
plus adaptées aux manipulations.
-
Le bureau du maître perd de
l’importance, la hauteur de l’estrade diminue : le magister est devenu le
maître.
- Les rideaux noirs aux fenêtres à
crémaillères pour l’utilisation des projecteurs
Une
volonté de faire participer l’élève à la construction de son savoir :
- L’observation : tableaux muraux pour
les leçons de choses, de géographie, d’histoire.
- La manipulation : matériel
pour expériences (sciences, calcul).
- La réalisation : collection
d’insectes, herbiers.
- La balance et la toise pour la
visite médicale.
Une
volonté d’ouvrir l’école aux pédagogies et techniques nouvelles :
- L’imprimerie scolaire
(Célestin Freinet).
- Le limographe (voir expo
temporaire).
- Les journaux scolaires.
- Les projecteurs à vues fixes, puis
à films (voir expo temporaire).
- La loi Barangé, crédit octroyés
pour l’achat de petit matériel.
Une volonté du maître de
personnaliser son enseignement en diversifiant les moyens utilisés :
- - La pierre humide pour réaliser des
fiches personnelles.
Une volonté de sensibiliser
l’élève aux pratiques artistiques :
- - Le guide chant 1930.
- - La radio scolaire 1960.
- - Les travaux manuels plus diversifiés
et moins sexués.
Exposition
temporaire
« Quand
tu seras soldat ! »
Projet
2014-2015
P.P
En ces temps de commémoration, le
reproche est souvent fait à l’école de la IIIe République,
d’avoir endoctriné les petits Français avec des idées nationalistes et
militaristes fortes les préparant à partir pour la guerre « la fleur au fusil
», soit. Les Pères fondateurs avaient à cœur de fédérer la nation et
d’implanter cette nouvelle République, en ce 4 septembre 1870, dans une France
aux campagnes restées monarchiques (l’amendement Wallon officialisant la
République n’est-il pas voté, le 30 janvier 1875, à une seule voix de majorité
par une assemblée elle-même monarchique ?). Le sentiment patriotique est
certes au cœur des écoles de la République, il est aussi le reflet du sentiment
de la société traumatisée par la défaite de 1871 et de la perte de l’Alsace-Lorraine.
Objets et documents de cette
exposition donnent une idée de ce choc. Les cartes dessinées dans les cahiers
témoignent de ce que, quarante ans plus tard, l’amputation du territoire
national est restée insupportable. A y regarder de plus près, même si on en trouve
trace dans les discours politiques, il n’existe pas de directives officielles
imposant une façon d’enseigner ce sujet aux écoliers : il n’y a pas là l’indice
d’une propagande d’État destinée à préparer la Revanche. Les cahiers d’élèves
proclament qu’il faut défendre son pays,
certes, sans retenir l’idée que l’agression de l’Allemagne par la France
serait la condition de reconquête des provinces perdues. L’école s’attache à vanter les mérites de l’armée
française à laquelle on ne reproche pas la défaite de 1870 qui est imputée à
l’Empereur. Il faut retrouver la fierté des citoyens-soldats de l’an II et
passer outre les réticences d’une partie notable des officiers à accepter la
République.
L’idéal de ces citoyens-soldats sera
incarné par les « bataillons scolaires » voulus par les
républicains radicaux et plébiscités par
la population. Ils feront long feu, formation militaire trop précoce et peu
efficiente, ils seront pris en charge par la société civile à travers les
sociétés de tir ou de gymnastique en plein essor à la suite d’un l’arrêté de
1893. Le tir scolaire et ses concours
départementaux perdureront bien après 1914.
Exposition
temporaire
« Défendre
la Patrie ! Période 1914-1915»
Projet
2015-2016
La Grande Guerre est une guerre de
position, une infime partie du territoire est touchée par les combats. Ce n’est
donc qu’à travers la propagande que les informations circulent, y compris dans
l’école. L’image de l’Allemand est marquée par la sournoiserie, la cruauté, la
brutalité (ne coupe-t-il pas les mains des petits enfants dit-on ?) et
donc, par lien de cause à effet, les écoliers sont prêts à idolâtrer les « poilus ».
Ils vivent au rythme des campagnes et des batailles.
Les communiqués officiels sont
commentés en classe, les élèves dessinent des cartes du front, les maximes de
morales et les pages d’écriture sont empruntes du patriotisme qui doit mobiliser
leurs jeunes esprits. L’école ne fait que relayer le discours officiel :
sur le front, les poilus accomplissent le devoir de citoyens-soldats tant
préparé dans leur jeunesse, mais ils protègent aussi leurs enfants de la
barbarie allemande en se sacrifiant pour empêcher la réédition du désastre de
1871.
Du reste, loin du front, l’absence
durable ou définitive du père et des autres hommes de la famille est bien la
première manifestation de l’état de guerre et transparaît nettement dans les
rédactions de l’époque : le retour des mutilés, les réfugiés, les lettres
des soldats. Malgré tout, comme c’était déjà le cas avant la guerre, les traces
écrites sur le thème de la guerre laissées par les écoliers dans leurs cahiers
sont souvent bien moins virulentes que la teneur des manuels scolaires ou
encore de la littérature enfantine de l’époque.
Les enfants ont-ils été
tentés de devenir de vrais poilus ? Rares sont les cas d’adolescents ayant
réussi à s’engager avant l’âge et les histoires qui circulent à ce sujet
relèvent pour la plupart de la légende. Elles sont souvent empruntées au
conflit de 1870 à l’exemple de l’histoire du jeune Emile
Desprès et remises au goût du jour. La
mobilisation de l’écolier prend d’autres formes, il est l’intermédiaire idéal
pour atteindre les familles, notamment en ce qui concerne les multiples
emprunts de guerre ou autres actions en faveur des soldats, il faut soutenir
aussi le moral des poilus : en adoptant un filleul, en correspondant avec
le front, en tricotant des habits chauds…
Du côté des enseignants, la
mobilisation vide les écoles de ses maîtres et 22 % des instituteurs mobilisés perdront
la vie dans le conflit (27 % pour le département de Saône-et-Loire) à l’image
des 138 instituteurs de l’EN de Mâcon morts pour la France.
P.P
La méthode Gabet ne marque pas la fin de la lecture syllabique , loin s'en faut .Il est vrai qu'il faut du temps pour appliquer une nouvelle"méthode", mais , j'ai appris à lire (en 1948) avec une méthode purement syllabique
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