dimanche 17 décembre 2017

Histoire de Jules, écolier de 1900 (XIII et fin)


« Petite histoire d’un écolier d’autrefois  expliquée aux enfants d’aujourd’hui »

Planche Rossignol, Les Vacances au Bord de la Mer, www.collectionsrossignol.com  (collection musée)


CHAPITRE XIII et fin
  « Vive les vacances ! »

L’école est finie !… ou presque. Voici Jules, comme beaucoup d’écoliers, petits et grands, occupé aux préparatifs de la fête de fin d’année. Il lui faut répéter les récitations, les chants, les saynètes qui feront la fierté des parents, des maîtresses et des maîtres. Chacun aura son rôle dans le défilé ou dans le spectacle avec un peu d’angoisse, mais beaucoup de bonheur.



 Fête organisée par la Ligue de l’Enseignement, en juin 1904 en l’honneur de l’enseignement primaire et présidée par Emile LOUBET, président de la République. Départ du cortège au pied du Trocadéro (collection privée)


En 1904, Jean Bienvenu-Martin, Ministre de l’Instruction publique, des Beaux-Arts et des Cultes, sur recommandation du Président Loubet, décide l’organisation d’une fête des écoles au Trocadéro, pour le vingtième anniversaire de l'Ecole Publique. Cette fête commémorative va finalement s’étendre à tous le territoire et aura lieu partout à la même date : le 19 juin. L’année suivante, à son assemblée du 28 janvier, la Ligue Française de l'Enseignement prend une délibération qui décide qu'une Fête des Ecoles publiques aura désormais lieu annuellement.

Les fêtes scolaires de la Troisième République se déroulent souvent dans des cadres grandioses pour marquer la place importante de l'école publique dans la vie de la Nation. 
En 1914, la onzième fête des écoles est la fête des "dix ans après" et a pour objet d'inciter tous les amis de l'école laïque à redoubler d'ardeur et à continuer leur propagande, leurs encouragements et leur sympathie en faveur de l’œuvre de l'Instruction Publique, plus nécessaire que jamais dans une démocratie.


Ecole de Bellevue à Montceau, préparation de la fête 1936 (collection musée)


Plus modestement certes, mais non sans une réelle volonté de démonstration, des fêtes des écoles se sont déroulées à Montceau-les-Mines aussi. Au tout début, il ne s'agissait que d'un défilé au centre-ville, mais plus tard, la fête se déplaça au Vélodrome pour finir enfin au stade Jean Bouveri dans des années plus récentes. Elle réunissait toutes les écoles primaires qui répétaient longuement, dans la cour de leur école, les mouvements collectifs qui seraient exécutés le jour J (1).


Ecole Anatole France de Montceau, préparation de la fête, années 30 (collection musée)


Absentes au début, les écoles maternelles ont peu à peu participé à ces fêtes. Si actuellement ces grands rassemblements n'ont plus lieu, de nombreuses écoles continuent à assurer des fêtes pour les festivités de Noël et surtout  en fin d'année scolaire.


Ecole de Bellevue, préparation de la fête 1953, Les Noces de Jeanneton (collection musée)


Chaque mois de juin, traditionnellement, les cours de récréation sont alors le théâtre de spectacles et de Kermesses qui marquent l’arrivée prochaine des « grandes vacances » après une longue année de dur labeur. Pour l’instant, Jules pense à la classe promenade qui l’attend, durant laquelle le maître lui fera découvrir la nature et l’environnement de l’école. 


Classe promenade, mai 1941, école de Toulon-sur-Arroux (collection musée)


"Dans mon école de campagne, à chaque rentrée d'école, j'étais assurée de retrouver la classe unique telle que je l'avais quittée en juillet. Rien n'y changeait, pas même l'institutrice; elle était là, bien avant moi et elle devait y finir sa carrière. Pourtant un jour elle nous annonça que, maintenant, on avait le droit de quitter la classe pour aller observer la campagne, un genre d'école buissonnière autorisée; s'instruire, ce n'était plus uniquement apprendre des leçons par cœur.

Beaucoup d'années ont passé; j'ai oublié les détails; j'ai seulement gardé le souvenir précis des deux mots magiques étalés sur le tableau noir : "classe-promenade", et celui, plus vague, d'une marche dans la campagne jusqu'à un petit ruisseau sous la conduite d'une maîtresse soudain moins sévère. Une autre sortie est restée dans ma mémoire : la visite d'une carrière de plâtre et le devoir qui s'en suivit : "le gypse ou pierre à plâtre". (Souvenirs d'enfance in Cent Ans d'Ecole, publication musée


 
Classe promenade, école de Toulon-sur-Arroux (collection musée)


Mais surtout, Jules rêvera à la grande aventure que les plus grands vont vivre pour la première fois : le voyage scolaire !

"Pour nous, enfants d'une dizaine d'années, ce voyage était d'une importance capitale : c'était notre voyage que nous pouvions nous offrir avec l'argent de notre coopérative scolaire. Ensemble nous avions soigneusement préparé l'itinéraire emprunté par l'autocar et réfléchi aux visites que nous ferions. Enfin ce jour tant attendu arriva! Pour quelques-unes, c'était la première fois qu'elles prenaient le car. Puis ce fut la première étape : Toulon-sur-Arroux, où nous allions visiter l'église avant d'arriver au but du voyage : Bourbon-Lancy. 

Dix ans après, que nous reste-t-il de ce trajet ? Surtout le souvenir d'un moment plein de joie passé avec toutes nos camarades et avec la maîtresse que nous découvrions en dehors de sa classe, et puis aussi la visite... Finalement, ce voyage nous aura laissé la marque d'une journée fort agréable. » (Souvenirs d’enfance in Cent Ans d'Ecole, publication musée


Vive les vacances ! Ecole de filles de la rue Carnot à Montceau (collection musée


Cahier de classe-promenade de l’école de Toulon-sur-Arroux (collection musée)



(1) : « La Fête des écoles 1953 » et « La fête de l’école 1955 » à Montceau-les-Mines :
Ces deux DVD sont en vente au Musée de la Maison d’Ecole. Ils sont la copie de deux bobines 16 mm retrouvées à Montceau. On ignore qui a filmé ces deux manifestations (vraisemblablement un membre des Patronages Laïcs qui possédaient un matériel moderne et qui organisaient des projections dans les écoles)   mais les prises de vue sont relativement « professionnelles ». D’une durée d’environ 30 minutes chacune, elles montrent, en couleur pour l'une et en noir et blanc pour l'autre, la préparation et les répétitions de la fête dans les cours d’école, puis le défilé des élèves et des sociétés en rue Carnot, leur arrivée au Vélodrome, ainsi que le spectacle qui suit. On retrouve avec émotion, au détour des images, les maîtresses, les maîtres, les personnalités  de l’époque. La découverte et la restauration de ce patrimoine historique à permis à de nombreux spectateurs, lors des projections que nous avons organisées, de se reconnaître à l’écran, sans une certaine nostalgie…


Pochette DVD Fête 1955


P.P




Aucun commentaire:

Enregistrer un commentaire