jeudi 16 novembre 2017

Histoire de Jules, écolier de 1900 (XII)


« Petite histoire d’un écolier d’autrefois  expliquée aux enfants d’aujourd’hui »


Tableau du docteur Galtier-Boissière (auteur de L’Alcool, voilà l’ennemi !), L’Hygiène, éditions Armand Colin, vers 1900 (collection musée)


CHAPITRE XII


 « Vivement cet après-midi ! » 

Toutes ces choses nouvelles qu’il incombait au petit citadin ou au petit campagnard comme Jules d’assimiler, notions souvent loin de son quotidien et, il faut bien le dire, de ses préoccupations, toutes ces choses donc, n’eurent de cesse de pousser les maîtres, amoureux de pédagogie, vers des méthodes et des démarches de plus en plus innovantes visant à permettre au plus grand nombre d’accéder à la connaissance.



Tableau du docteur Galtier-Boissière, L’Hygiène, éditions Armand Colin, vers 1900 (collection musée)

De nouveaux supports apparaissent ou évoluent constamment. Ils s’appliquent aux matières dites moins fondamentales dispensées principalement l’après-midi. L’enseignement mural en est un exemple. L'enseignement par tableau mural eut de tout temps la faveur des enseignants.



Tableau Vidal-Lablache, détail :  Les Régions Tempérées, éditions Armand Colin, vers 1900 (collection musée)


Les cartes murales produites par Rossignol, Anscombre, Vidal-Lablache ou d'autres s'ingéniaient à présenter, en respectant scrupuleusement les programmes et les instructions, de nouvelles collections : tableaux d’histoire, de sciences, de géographie pour tous les cours, ainsi qu'une imagerie pour les exercices d'élocution des petites classes. Les dessins étaient clairs, les contours précis et ces supports cartonnés étaient souvent groupés par dizaine dans des cadres en bois servant à la fois de rangement et de présentoir à l’instar des nombreuses séries « Rossignol ».



Tableau Vidal-Lablache, détail :  Les Régions Tropicales, éditions Armand Colin, vers 1900 (collection musée)


Ces panneaux muraux étaient parfois difficiles à exploiter du fait du trop grand nombre et de la trop grande richesse des éléments représentés. Il n'en reste pas moins que ces matériels, confiés à des maîtres compétents, ont certainement contribué à faire parler, penser ou rêver des millions de petits Français encore friands de belles images.

Tableau d'élocution A. Belot, La Vie Enfantine, Delagrave, série V Les Champs,  vers 1910 (collection musée)

Tableau d'élocution A. Belot, La Vie Enfantine, Delagrave, série VI L'Eau,  vers 1910 (collection musée)

Tableau d'élocution A. Belot, La Vie Enfantine, Delagrave, série II La Maison,  vers 1910 (collection musée)

Bientôt, l’imprimerie fait son entrée à l’école. Si l'invention très ancienne des caractères mobiles d'imprimerie est due au moine allemand Gutenberg, c'est à Célestin Freinet que l'on doit celle d'une presse spéciale pour les enfants. Il leur donna alors des caractères et des composteurs afin qu'ils impriment eux-mêmes dans la classe leurs textes libres ou leur compte-rendu de classe promenade, réunissant les pages en un véritable "Livre de Vie".

Célestin Freinet (collection particulière)

C'est dans les années 1920 que Célestin Freinet adopte les "méthodes actives" préconisées par Decroly et c'est en 1925 qu’il a utilisé pour la première fois l'imprimerie à l'école. Les enfants écrivent des textes "libres", quand ils le veulent, en choisissant leur sujet. Les textes sont ensuite lus, puis, par un vote démocratique, les meilleurs sont choisis. Après de nécessaires corrections, l'équipe de service l'imprime. 

Journal de classe de Freinet à Saint-Paul de Vence, vers 1930 (CANOPE)

Bien que tombée en désuétude depuis l'apparition de technologies nouvelles, l’imprimerie permit pendant  longtemps, dans de nombreuses classes, d'imprimer des textes destinés à être publiés dans le journal scolaire vendu au profit de la coopérative scolaire ou bien échangés avec des écoles "correspondantes". L'activité "imprimerie" permettait aux classes pratiquant la pédagogie Freinet de développer l'attention et le goût de l'effort, sans oublier l'aide qu'elle apportait dans le domaine orthographique. Peu après, le limographe, ancêtre de la machine à alcool, fut aussi utilisé pour le tirage des journaux. Les journaux scolaires fleurissent encore quelquefois dans certaines écoles et sont dès lors produits grâce à l'ordinateur et la photocopieuse.

Imprimerie Freinet (collection musée)

Limographe Eyquem  (collection musée)

Les Instructions de 1923 donnent naissance au Musée scolaire : "Dans toutes les écoles, à tous les cours, la méthode employée doit être une méthode fondée sur l'observation et l'expérience (..) Un musée scolaire, c'est un petit laboratoire, c'est l'endroit où l'on range, après la classe, les matériaux que les enfants ont manipulés, les appareils qu'ils ont fait fonctionner, etc..." C'est ainsi que se constitue au fil des jours, dans les classes, un petit musée qui est le reflet des leçons de sciences et de choses, alimenté par les  apports des enfants ou du maître : pierres, plantes séchées, lézards, vipères, insectes, mollusques, ossements, dents, etc. La pédagogie se tourne vers l'emploi des "méthodes actives" qui voient les enfants observer, analyser et consigner leurs découvertes dans des cahiers de sciences ou de croquis. Les collectes de la classe promenade y trouveront leur place.

Collections du musée scolaire  (collection musée)

Armoire du musée scolaire  (collection musée)

 Plus tard, vers les années 1930/35, les garçons de l'école de Montceau-Bois-du-Verne avaient la joie de se rendre chaque semaine au cinéma pour quelques centimes... mais il n'était pas véritablement question de cinéma éducatif. D'autres écoles s'étaient dotées (grâce à la coopérative scolaire), d'un "Pathé-Baby" ou d’un « Pathé-Kid », appareils capables de  projeter des films. On pouvait alors utiliser des films à perforations centrales, ceux-ci, appelés plus tard "films-flammes" ont été retirés de la circulation pour cause de "combustion subite" !

Appareil de projection « Pathé-Kid »  (collection musée)

Après le vote en 1951 de la loi dite Barangé octroyant à chaque groupe scolaire des crédits supplémentaires destinés au matériel d'enseignement, les écoles purent se munir de projecteurs à vues fixes du type Larousse. Les maisons d'édition rivalisèrent alors d'imagination en toutes disciplines pour fournir aux maîtres des films aux commentaires écrits adéquats. C'est ainsi que les enfants découvraient le cours d'un fleuve, la croissance d'une plante, les châteaux de la Loire et comme suprême récompense l'histoire merveilleuse d'Ali Baba ou de la Belle au Bois dormant.

     Films scolaires  (collection musée)

Dans les années qui suivent la Seconde Guerre Mondiale, on délaisse l'emploi de l'ardoise dans les classes maternelles et on offre aux élèves des papiers de teintes variées et des crayons de couleurs au moyen desquels on laisse les enfants s'exprimer plus naturellement. C’est l’arrivée des jeux éducatifs. Apparaissent bientôt des jetons de toutes formes, des perles de buis, des boîtes de triage. On ose même les laisser libres de tremper un pinceau dans les pots de gouache ! Ils sont alors heureux de dessiner au dos des feuilles d’échantillons de papier peint... récupérées chez le droguiste ! L'enfant s'initie aux "jeux sensoriels" grâce à tout un matériel nouveau de formes, de volumes et d'emboîtements, il a même à sa disposition une caisse de jouets ! 

Le coin des petits en classe unique (collection musée)


P.P


Revoir l’article sur « L’enseignement par le film » :











1 commentaire:

  1. Très intéressant !
    N'est-ce pas une belle illustration des pièces conservées à la Maison d'école ?
    Sans doute en ferez-vous des panneaux explicatifs.
    Bien cordialement
    Jean Pirou

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