mardi 27 juin 2017

Hommage à Henri Besseige


Hommage à Henri Besseige

Montcellien amoureux du Pays Noir

Henri Besseige (1887/1967), en bas, à gauche de cette photo de famille, comme à son habitude souriant et aimable (collection particulière)

Qui se souvient encore de l’école de filles de la rue Carnot

Aux origines de Montceau, une seule rue principale traversait la ville : la rue Centrale, qui allait devenir l’actuelle rue Carnot, elle était le cœur de la cité minière. Si la première école primaire publique de garçons avait été construite rue de l’Est (de l’autre côté de la voie de chemin de fer, à une centaine de mètres) par l’équipe municipale républicaine du docteur Jeannin, qui avait battu l’équipe Chagot aux élections de 1878, la construction d’une école des filles avait suivi dans la foulée : une belle école, identique à la première, presque en face, en « miroir » comme le soulignait l’architecte.



Ecole de filles de la rue Centrale, peut-être la classe de Mlle Rivet aux "yeux myopes, mais pourtant vifs sous le binocle pédagogique" (citation du "Pays Noir") (Collection musée)


De mère en fils : l’amour de l’école publique

Madame Besseige (née Pierrette Roy), en fut la première Directrice dès son ouverture en 1882. Elle fut d’abord chargée de la classe du Certificat, puis, vers les années 1890, elle prit la classe de Cours Complémentaire, qui préparait au Brevet Élémentaire et au concours d’entrée à l’Ecole Normale. Pierrette Besseige exerça ses fonctions jusqu’à son admission à la retraite en 1911.
C’est dans cette école de filles que naquit Henri Besseige, le fils de Pierrette, le 19 juin 1887. Sa jeunesse se passa tout entière dans cette rue Centrale et dans les murs de la grande bâtisse, qu’il décrit, dans un livre de souvenirs (Au Pays Noir, 1952), comme une « grande maison grise aux multiples fenêtres, au fronton de laquelle on a gravé, il y a bien longtemps, une inscription qui tient bon : École communale de filles – 1881 » :



Ecole de filles de la rue centrale (rue Carnot) autour de 1900 (collection musée)




Dernière photographie de l’école de filles de la rue Carnot  prise en mars 1974, année de sa destruction (collection musée)


Voir d'autres photographies en annexe (5) 

"Neuf heures. C'est la fin d'une longue journée laborieuse et la veillée s'achève dans notre grande cuisine. La mémé tricote au coin du feu. (..) Autour de la longue table rectangulaire baignée par la lueur d'une haute lampe à pétrole, il y a maman et les deux adjointes que nous avons prises en pension. Mademoiselle Dauxois, chlorotique et silencieuse, mène une vie effacée. Elle découpe avec soin, et à tout petit bruit, dans de vieilles couvertures de cahiers, d'étroites et longues bandes multicolores que les fillettes de la petite classe tisseront à l'heure du travail manuel. Mademoiselle Rivet, une bouche moqueuse, des yeux myopes, mais pourtant vifs sous le binocle pédagogique, se montre aussi expansive que Mademoiselle Dauxois apparaît réservée. Elle mène la classe du certificat d'études avec décision et belle humeur. La voici qui pouffe en annotant les rédactions de ses élèves : "Non ! Ces sottes n'en font pas d'autres ! ". (..)


"Au Pays Noir" d'Henri Besseige, 1952 (collection privée)


« L'étude du soir, de cinq à sept, se passait en petit comité. Maman la réservait à la douzaine d'aspirantes qui lui paraissaient aptes à réussir au Brevet ou à l'Ecole Normale. J'y étais admis sans cérémonie. Cela commençait par un exercice scolaire : dictée, problème ou rédaction. Les problèmes me rebutaient ; mais j'acceptais volontiers l'épreuve d'orthographe et de composition où, sensiblement plus jeune, je n'arrivais pas toujours dernier. Pendant la deuxième heure, le travail était libre. Nous nous rapprochions ; nous nous faisions réciter nos leçons à voix basse tandis que "La Dame" préparait la classe du lendemain. (..)
Lorsqu'enfin l'horloge de l'hôtel de ville laissait tomber sept coups, nous rangions nos affaires. Maman se levait, recevait et rendait en souriant le bonsoir de ses disciples. Elle éteignait le gaz, vérifiait le compteur, et nous montions dîner."
(EXTRAIT DE "AU PAYS NOIR", H.BESSEIGE.)


Dédicace d'Henri Besseige ( collection Billard)


Et le fils de l’institutrice devint Inspecteur d’Académie

A l’issue de ses études secondaires et du baccalauréat, Henri Besseige se rend à Paris, en 1905, pour préparer l’École Normale Supérieure de Saint-Cloud. Il réussit au concours d’entrée et passe alors l’agrégation. Il commence sa carrière comme professeur de Lycée à Châlons-sur-Marne. Il se marie le 19 juin 1917 avec Renée Favard. Il devient ensuite le Directeur de l’École Normale de Lyon. Il terminera finalement sa carrière au Puy, comme Inspecteur d’Académie. C’est là qu’il prendra sa retraite en 1946. De nombreuses publications ont marqué sa carrière dans l’Éducation Nationale, notamment des livres de lecture et d’Histoire (1).
Pendant ses années de retraite, il continua d’écrire et, en 1952, il publia un premier volume de souvenirs des années 1890 – 1900 : « Au Pays Noir » (éditions de Haute-Loire, Le Puy, 1952 ; réédité en 1997 par Le Caractère en Marche éditeur, Génelard, à l’initiative de l’association « La Mère en Gueule » et commercialisé par elle).  Il continua dans cette voie en 1958 avec « Bonjour Vieillesse », publié à compte d’auteur, ouvrage dans lequel il relate sa découverte des Impressionnistes, au Musée du Luxembourg, pendant ses études à Paris (2).

Henri Besseige termina son œuvre par une biographie d’Édouard Herriot, « Herriot parmi nous » (éd. Magnard, 1960), « livre de bonne foi » comme il le disait, où il rend hommage au politique (qu’il avait connu durant sa carrière) et à l’homme de lettres (3). Henri Besseige est mort à Paris le 11 janvier 1967, il y a tout juste 50 ans.

Pour l’anecdote, Henri Besseige, toujours fidèle à la ville qui le vit naître, contribua à la publication de « Montceau a 100 ans » (4) en 1956 (Centenaire de la commune), en produisant l’extrait suivant de son livre : 


Extrait du livre "Montceau a Cent Ans", page 109 (collection musée)

(1) : Quelques exemples de livres scolaires signés Henri Besseige. Ils furent réédités de nombreuses fois à différentes époques (collection musée) :








(2) : Quelques ouvrages d’Henri Besseige-écrivain :


"Bonjour vieillesse" (collection Billard)

"Je suis un homme..." (collection privée)


(3) : Couverture du livre « Herriot parmi nous » :


"Herriot parmi nous" (collection privée)


(4) : Couverture du livre « Montceau a 100 ans » avec sa première dessinée par « Géo Sargel », pseudonyme d’une autre figure bien connue  des Montcelliens : GEORGES LEGRAS :



"Montceau a Cent Ans" (collection musée)


(5) : Photographies de l’école de filles :

Ecole de filles à gauche de l'image, vers 1900 (collection musée)

Ecole de filles, vers 1900 (collection musée)

Ecoles de filles, mars 1974 (collection musée)

Ecoles de filles, mars 1974 (collection musée)

Ecoles de filles, mars 1974 (collection musée)

Ecoles de filles, mars 1974 (collection musée)

Ecoles de filles, mars 1974 (collection musée)

Ecoles de filles, mars 1974 (collection musée)



P.P













Aucun commentaire:

Enregistrer un commentaire