jeudi 23 février 2017


Du « temps des timbales » à la cantine scolaire

(Première partie)

Une timbale émaillée (collection musée)


Une cantine improvisée

A la fin du dix-huitième siècle, dans les campagnes surtout, les enfants éloignés du bourg ne disposaient pas d'une cantine pour prendre leur repas de midi. La mère de famille préparait chaque matin quelques victuailles qui, serrées dans un torchon, étaient casées avec la gourde (remplie de vin avec de l’eau) dans une poche du cartable, à grands risques pour les cahiers et les livres voisins ! La timbale, portée alors à la main, contenait la soupe au lard ou le ragoût dans le meilleur des cas. Les écoliers les plus riches possédaient un petit panier fermé en osier, pour les autres, un solide panier à « bossons » pouvait contenir le repas de toute une fratrie.




Panier ouvragé d'une famille aisée et sac à goûter brodé (collection musée)

Dans les petits villages, la salle de classe devenait souvent cuisine-réfectoire sous la surveillance d'un "grand" ou d'une "grande" et chaque élève déballait sa nourriture sur son pupitre. Comment le poêle de la classe, presque aussi haut que les enfants, pouvait-il permettre, sans crainte de brûlures, un chauffage convenable de la fameuse timbale ? Difficile à dire… Trop pleine bien souvent, pour qu'on puisse en remuer le contenu, elle "prenait" au fond, alors que le haut était à peine tiède !

Panier à "bossons" d'une famille plus modeste (collection musée)

Aux beaux jours, le repas pouvait se prendre dans la cour, sur des tables de fortune. Toutefois, dans les villes et à la demande des maîtres, une salle fut rapidement mise à disposition pour servir de réfectoire, évitant ainsi le rangement provisoire des affaires scolaires durant le temps du repas et, surtout, éliminant les taches de gras résiduelles sur les pupitres !

La cantine au grand air vers 1890 (collection musée)




La salle de classe transformée en cantine vers 1890 (collection musée)


La naissance des cantines scolaires


Entre les deux guerres, dans les groupes scolaires importants et dans quelques petites communes, on disposa d'un local qui tenait lieu de réfectoire et où le maître de service surveillait le chauffage des timbales sur une large cuisinière. Il n’était toujours pas envisagé de confectionner les repas sur place avec du personnel dédié comme ce fut le cas plus tard (associatif ou municipal).
Des changements s’opérèrent bientôt autour de l’école et poussèrent vers une lente évolution vers des cantines qui seraient « scolaires » :
-       Changement des mentalités et évolution du statut de l’enfant dès les Instructions de 1923.
-       Augmentation de l’effectif des élèves, après une scolarisation obligatoire difficile.
-      Les hautes luttes de santé publique et notamment scolaire (alimentation, maladies infantiles chroniques). 

Salle de cantine vers 1920 (collection musée)

Dès 1945, des parents soucieux d'offrir à leurs enfants un repas convenable, se groupèrent en comités qui firent naître les cantines scolaires. Lorsque la cantine n'était pas communale, la commune se chargeait tout de même de mettre à disposition une ou deux salles convenables, munies du gros matériel nécessaire : cuisinière, tables, marmites... Le plus souvent, un maître acceptait bénévolement l'économat. Le "temps des timbales" avait cédé le pas au "temps des cantines" et de leurs solides couverts d'aluminium. Viendra par la suite le "temps des restaurants d'enfants" accompagné d'un souci d'hygiène et d'éducation alimentaire.

A suivre...


P.P 








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