vendredi 20 janvier 2017

Architecture du bâtiment du musée


Architecture du bâtiment du musée

De la Maison d’Ecole

Façade du bâtiment, aquarelle-plan de Dulac (collection Pirou)


Des temps favorables

La construction de deux écoles communales en 1881 résulte d'une conjonction de deux facteurs :
- consécration par la Troisième République d'un demi-siècle d'efforts pour régler la question des locaux scolaires en créant la Caisse pour la Construction des Ecoles (1878);
- volonté d'ériger les premiers bâtiments scolaires publics de la Ville par la municipalité républicaine récemment élue autour d’Octave Jeannin (1878) pour compenser l'initiative patronale qui, depuis 1870, a fait élever plusieurs bâtiments pour ses écoles congréganistes, sous la direction de l’architecte dijonnais Jean-Philippe Suisse et d’Hyppolite Goichot, architecte de la Compagnie.




Plan d'un bâtiment d'école de la Mine par Hyppolite Goichot et Jean-Philippe Suisse (collection écomusée)


L’espace urbain

De premier abord, la Maison d'Ecole souffre de son emplacement médiocre dans le tissu urbain :
- exiguïté du terrain qui a nécessité une élévation sur trois niveaux;
- absence de perspective la mettant en valeur, rachetée par une élévation imposante.

Le bâtiment entre rue et voie ferrée


Un disciple de Viollet-le-Duc

Issu d'une famille de tradition républicaine, François Dulac est conseiller général du canton de Buxy depuis 1871, et sera élu sénateur inscrit à la Gauche démocratique en 1892; défenseur de l'instruction publique par conviction, il a pu, professionnellement, servir son idéal politique en construisant 35 écoles en Saône et Loire. La présente école fut, avec sa réplique exacte pour les filles (aujourd'hui détruite), sa seule œuvre scolaire urbaine; disciple de Viollet-le-Duc, il s'est appliqué à adapter les principes de l'architecture gothique  aux matériaux et techniques modernes.

Buste de François Dulac réalisé en 1905 par Jacquot, copie en résine, don de M. Pirou au musée


Le chantier

Après un refus du ministère de valider le projet, puis une adjudication malheureuse, le marché est cédé aux entrepreneurs locaux Guillemet, Place, Parriat; les travaux sont exécutés entre juillet 1880  et mars 1882. Décompte global des deux écoles : 134 000 francs-or couvert par une subvention de l’Etat (80 000 F) et un emprunt communal (50 000 F).

Lettre de Jules Ferry, Ministre de l'Instruction Publique et des Beaux Arts, au Préfet de Saône-et-Loire, le 6 décembre 1879 (ADSL O 1525)


La monumentalité

La monumentalité du bâtiment fait ressortir la valeur républicaine de l’école.
Sa façade officielle, avec la proclamation de sa fonction au portail : « école communale et laïque », comprend trois niveaux  sur caves, dont un étage attique, avec une symétrie rigoureuse qui en rend l’aspect austère; l’autre façade, fonctionnelle avec ses deux corps en avancée (escaliers) se caractérise au contraire par sa dissymétrie.

Aquarelle-plan de Dulac, coupe du bâtiment (collection Pirou)


La pierre

Rompant avec le vocabulaire architectural traditionnel des écoles de la mine (fronton, baies en plein-cintre), la solennité de l’édifice s'exprime presque exclusivement par la noblesse et l'exubérance du matériau.
Noter l'emploi massif de la pierre calcaire (Chagny), en moellons assisés pour les parements, et en pierre de taille pour les soubassements, les baies, les cheminées et le portail.
La Maison d'Ecole est inscrite à l'inventaire supplémentaire des monuments historiques pour ses façades et sa toiture.

Fronton du bâtiment


Le style

Le style néogothique est surtout perceptible dans la façade orientale, côté cour (baies étroites, crossettes de pignon, cheminées écussonnées); celui de la façade occidentale fait pencher l’architecture vers l’éclectisme, et les formes des linteaux annoncent déjà celles de l’art nouveau. Au total, Dulac a su s’éloigner du néogothique archéologique médiéval de Viollet-le-Duc pour promouvoir un néogothique rationaliste.

Façade orientale du bâtiment


Quelques remarques architecturales intérieures

- l'arc diaphragme dans le hall d'entrée (ancien préau).



- l'escalier en dalles de pierre superposées.



- les parements d'appareil mixte (pierre + briques) dans l'escalier.



- les solives sur arêtes au plafond.



- les fenêtres avec système à crémaillère dans les salles de classe.




Alain DESSERTENNE
Voir aussi dans la rubrique "Publications" : Maisons d'école en Saône-et-Loire 1867-1899
ainsi que :  http://adessertenne.pagesperso-orange.fr/






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