« Défendre la Patrie ! »
Période 1914/1918
La Grande
Guerre est une guerre de position, une infime partie du territoire est touchée
par les combats. Ce n’est donc qu’à travers la propagande que les informations
circulent, y compris dans l’école. L’image de l’Allemand est marquée par la
sournoiserie, la cruauté, la brutalité (ne coupe-t-il pas les mains des petits
enfants ?) et donc, par lien de cause à effet, les écoliers sont prêts à
idolâtrer les « poilus ». Ils vivent au rythme des campagnes et des
batailles. Les communiqués officiels sont commentés en classe, ils dessinent
des cartes du front, les maximes de morales et les pages d’écriture sont
empruntes du patriotisme qui doit mobiliser leurs jeunes esprits. L’école ne
fait que relayer le discours officiel : sur le front, les poilus
accomplissent le devoir de citoyens-soldats tant préparé dans leur jeunesse,
mais ils protègent aussi leurs enfants de la barbarie allemande en se
sacrifiant pour empêcher la réédition du désastre de 1871.
Du reste,
loin du front, l’absence durable ou définitive du père et des autres hommes de
la famille est bien la première manifestation de l’état de guerre et
transparaît nettement dans les rédactions de l’époque : le retour des
mutilés, les réfugiés, les lettres des soldats. Malgré tout, comme c’était déjà
le cas avant la guerre, les traces écrites sur le thème de la guerre laissées
par les écoliers dans leurs cahiers sont souvent bien moins virulentes que la
teneur des manuels scolaires ou encore de la littérature enfantine de l’époque.
Les enfants ont-ils été tentés de devenir de vrais
poilus ? Rares sont les cas d’adolescents ayant réussi à s’engager avant
l’âge et les histoires qui circulent à ce sujet relèvent pour la plupart de la
légende. Elles sont souvent empruntées au conflit de 1870 à l’exemple de
l’histoire du jeune Emile Desprès et remises au goût du jour. La mobilisation de
l’écolier prend d’autres formes, il est l’intermédiaire idéal pour atteindre
les familles, notamment en ce qui concerne les multiples emprunts de guerre ou
autres actions en faveur des soldats, il faut soutenir aussi le moral des
soldats : en adoptant un filleul, en correspondant avec le front, en
tricotant des habits chauds…
Du côté des enseignants, la mobilisation vide les écoles
de ses maîtres et 22 % des instituteurs mobilisés perdront la vie dans le
conflit à l’image des 138 instituteurs de l'Ecole Normale de mâcon morts pour la France.
Au fil des pages apparaissent des instantanés de cette
période : textes d’élèves, histoire d’un jeune instituteur mort pour la
France, destin des six promotions de l’EN de Mâcon touchées par la
guerre, autant de témoignages issus de l’exposition du même nom.
Livret
pédagogique, 2015, 72 pages, 5 euros.
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