jeudi 24 novembre 2016

Le bonnet d'âne

Le bonnet d’âne

Bonnet d'âne



Le bonnet d'âne faisait partie de l'arsenal des punitions au même titre que la baguette, la retenue, le piquet au coin ou la pelote autour de la cour.
Fabriqué par le maître, il était habituellement en papier, plié de façon à former deux cornes ou oreilles : l'élève ainsi coiffé devenait "l'âne de la classe". On cherchait quelquefois à se débarrasser de l'infamante coiffure en la faisant disparaître, comme le prouve le bonnet en coton retrouvé sous le plancher d'une classe désaffectée (bonnet qui a servi de modèle pour la confection de la présentation ci-dessus).




Tableau de Jean Geoffroy, Musée National de l'Education à Rouen


Le bonnet d'âne était en principe destiné aux garçons et réservé dans beaucoup d’endroits (et notamment dans le Bassin minier) aux malheureux qui parlaient patois à l’école et oubliaient le fameux article n° 20 du Règlement Académique de Lyon de 1890* (calqué sur l’article n°14 du règlement scolaire modèle de la loi du 18 janvier 1887) qui rappelait que « Le français est la seule langue en usage à l’école », à bon entendeur…. La rigueur républicaine ne se limitait pas aux murs de la Communale et, souvent, si Monsieur l’Instituteur surprenait quelque fripon à se laisser aller au patois dans la rue, il ne manquait pas d’appliquer la punition dès le lendemain en classe.
Quant aux filles - généralement taxées de bavardage - elles étaient souvent affublées d'une langue de bœuf en carton rouge, accrochée dans le dos.
A défaut d'accessoires humiliants, certains enseignants redoublaient d'imagination. Ainsi à Marcilly-les-Buxy, vers 1900, la fillette punie était envoyée, bras croisés, dans un angle de la classe; la maîtresse relevait et attachait le tablier de la bavarde au-dessus d'elle, enserrant bras et tête dans ce "cabinet noir" improvisé... jusqu'à ce qu'une autre infortunée prenne sa place.


http://www.ac-nice.fr/ienvalsiagne/stjeanvi/webzine/cpce1/ECOAUT/emmai.htm


Au cours du XXème siècle, les punitions se sont transformées en d'innombrables lignes à copier ou verbes à conjuguer. Et l'humour reprend ses droits quand l'enfant conjugue le plus sérieusement du monde les verbes : (bavarder) quand le maître (avoir) le dos tourné au futur de l’indicatif…

: Outre l’article 20, la même loi stipulait :
« ART. 19. — Les seules punitions dont l'instituteur puisse faire usage sont :
« Les mauvais points ; la réprimande ; la privation partielle de la récréation ; la retenue après la classe, sous la surveillance de l'instituteur ; l'exclusion temporaire.
« Cette dernière peine ne pourra dépasser trois jours. Avis en sera donné immédiatement par l'instituteur aux parents de l'enfant, aux autorités locales et à l'inspecteur primaire.
« Une exclusion de plus longue durée ne pourra être prononcée que par l'inspecteur d'académie.

« ART. 20. — Il est absolument interdit d'infliger aucun châtiment corporel.
« Il est également interdit aux instituteurs et institutrices de tutoyer leurs élèves.


Maxime de morale





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